Flèche Wallonne
Mardi 19 Avril 2016
Vous vous demandez peut-être parfois pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi je peux rouler 800 km en voiture pour participer à une simple cyclo ? Pourquoi je fais un aller-retour express en Belgique, en pleine semaine, pour une randonnée de vélo. La réponse tient en une phrase : pour vivre des journées comme celles d’aujourd’hui !
Ce matin, j’avais rendez-vous à Andenne, dans la province de Namur, pour la Flèche Andennaise Classic. Organisée par l’Association Cyclos Andenne, la FAC, appelons-la par son vrai nom, elle le mérite, est la version cyclotouriste de la Flèche Wallonne qui aura lieu demain, la deuxième classique ardennaise après l’Amstel Gold Race. Une épreuve dont je garde un souvenir exceptionnel depuis l’an dernier pour y avoir sans doute vécu le plus beau jour de ma vie de sportif.
Malgré une bonne nuit de sommeil, des conditions climatiques idéales, de super jambes et une grosse motivation, j’ai commencé la journée de très mauvaise humeur, la faute à mon GPS qui a rendu l’âme durant la nuit. Moi qui ai l’habitude de pédaler la tête dans le guidon, les yeux rivés sur ma fréquence cardiaque ou ma cadence de pédalage, je vais devoir rouler au feeling à l’aveugle. Grrr.
Privé de toutes ces données qui me permettent d’habitude de gérer mon effort, je pars dès les premiers kilomètres sur un rythme élevé. Les mains en bas du guidon, merci Joël pour le positionnement, je longe la Meuse sur plusieurs kilomètres avant d’attaquer la première difficulté du jour : la côte de Chant d’Oiseau (2,5km à 4%). Les jambes tournent (très) bien ce matin et le cardio a l’air de suivre. Je rattrape de nombreux participants, c’est de bonne augure pour la suite. Quel dommage que ce cher GPS ne me permette pas de comparer mes performances avec celles que j’avais réalisées l’an dernier, car j’ai l’impression d’être vraiment en grande forme.
Après cette première côte, nous empruntons des petites routes avec très peu de circulation à travers la campagne wallonne, vers l’Ouest, en direction de Namur. Les paysages sont magnifiques. Les odeurs de bétail se mêlent à celles de pelouse fraîchement tondue. Le printemps est là, les tondeuses sont de sortie. Je me surprends à reconnaître les virages, les coups-de-cul et les villages traversés l’an dernier. J’ai l’impression de jouer à domicile aujourd’hui !
Au KM30, nous arrivons au pied de la seconde difficulté, la côte de Maizeret (1,4km à 6%). Cette fois-ci, je suis challengé par plusieurs cyclos qui décident de faire la montée. De six au pied, nous ne sommes rapidement plus que trois. Ils sautent les uns après les autres par l’arrière, suite aux accélérations d’un bon grimpeur qui me prend quelques mètres. Je résiste bien mais lui concède quand même une dizaine de secondes au sommet. La journée est encore longue et le programme est chargé, inutile d’en rajouter.
Mais cette relative prudence ne dure qu’un temps. Avec de telles jambes, je ne peux m’empêcher de repartir de l’avant. Je relance, j’écrase les pédales. Les cuisses commencent à piquer. Le cardio reste haut. Ca faisait longtemps que je n’avais pas roulé si intensément. Je ne sais pas combien de kilomètres je tiendrai à une telle allure, mais je ne préfère pas y penser. Le coup de bambou arrivera quand il arrivera… ou pas !
Sans chrono, j'ai un peu de mal à tenir la règle de deux gorgées de boisson isotonique toutes les dix minutes. J'essaye de m'hydrater régulièrement mais après plus d'1h45 d'effort, mon bidon de 0,5L n'est toujours pas vide. Pas facile de rouler à l'ancienne. Heureusement, le premier ravitaillement n'est plus très loin. À défaut d'avoir bu suffisamment, je vais me "forcer" à manger un peu pour éviter la double peine. Le ravitaillement n'a rien à envier à ceux que l’on trouve sur les "grandes" cyclos en Belgique. Une gaufre, une tartelette aux amandes, une petite photo pour le souvenir et ça repart. Je suis fin prêt (et repu) pour attaquer le plat de résistance !
Je repars du ravito en compagnie d’un cycliste belge, Jo, avec lequel je vais rouler une bonne partie du reste de la journée. Comme moi, il est tombé amoureux de cette épreuve à laquelle il participe depuis plusieurs années. On papote, on se relaie, on s’encourage, bref, vive le vélo !
Du KM75 au KM105, c’est un menu 5 étoiles que nous ont concocté les organisateurs cette année. On commence par la côte de Bohisseau (1,3km à 7%), on bascule sur la côte de Solière (4,2km à 4%), puis vient l’enchaînement côte de Cherave (1,4km à 8%) / Mur de Huy (1,2km à 10%) tant redouté. Je paie un peu les efforts consentis depuis le départ avec un début de crampe au mollet droit. Le dernier tronçon du "Mur", à la sortie de l’épingle me semble interminable. Ils l’ont rallongé depuis l’an dernier ou quoi ? Si les pros se disputeront la victoire demain au sommet, pour nous, c’est le moment du réconfort avec le deuxième ravitaillement. Quoi de mieux qu’une gaufre, une tartelette aux amandes et un (deux, ou trois, je ne sais plus très bien…) carré de chocolat pour se remettre d’un tel effort ? Ils sont forts ces organisateurs, ils ont tout prévu !
La dernière partie du parcours ne comporte pas de grosse difficulté à part la côte d’Ereffe (1,6km à 7%) qui après ce que nous venons de grimper passerait presque pour un faux plat montant. Mais ce qui ne devait être qu’un retour tranquille sur Andenne, en moulinant, va se transformer en une belle partie de manivelles sous l’impulsion de deux tueurs à gage qui semblent pressés d’en finir. Ont-ils un train à prendre, ou comme moi un long trajet en voiture pour rentrer chez eux ? En tout cas, ils ne font pas semblant ; on roule en file indienne, les mains en bas du guidon. Je n’ose même pas me saisir de mon bidon pour boire tellement je suis à la limite de la rupture. La dernière bosse va venir à mon secours. Grâce à la côte de Bonneville (1,1km à 5%), au KM139, je reprends quelques hectomètres d’avance sur eux, pour finir tranquillement, à mon rythme, en attendant leur retour.
Que cette Flèche Andennaise est passée vite, trop vite, mais quel plaisir encore une fois. La journée se termine autour d’une bière bien fraîche, belge bien sûr, avec Jo, à qui je donne rendez-vous l’an prochain. Même jour, même heure, c’est promis !
3 commentaires
Eddy - Mercredi 20 Avril 2016 à 12:12
Romain - Mercredi 20 Avril 2016 à 13:43
Aurélien - Mercredi 20 Avril 2016 à 14:09
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