Ventoux : un coup d'épée dans l'eau

Dimanche 23 Août 2015

Ca y est, nous y sommes ! C'est le moment de m'attaquer à ce fameux défi des Cinglés du Mont Ventoux. La météo étant souvent changeante dans la région, je décide de m'élancer malgré un risque d'averses prévu pour le milieu de l'après-midi. Avec un peu de chance, je passerai entre les gouttes...

J'attaque ma première ascension à Sault. Des trois versants, c'est le plus accessible avec un pourcentage moyen de 5% sur 24km. Jusqu'au Chalet Reynard, cela ressemble presque à un long faux plat montant. Idéal pour se mettre en jambes ! J'atteint le sommet en 1h22 où le vent souffle bien plus fort qu'hier, en espérant qu'il éloignera les gros nuages sombres que l'on distingue à l'horizon.... J'enfile mon kway et descends à vive allure vers Malaucène pour attaquer le plat de résistance.

Ce versant nord est difficile. Les pourcentages sont plus élevés (7% de moyenne). Pourtant, des trois ascensions c'est celle que j'ai le moins aimé. La route est trop large, trop belle, trop rectiligne, trop parfaite. Je préfère de loin les montées plus escarpées. À l'approche du sommet, le ciel devient de plus en plus menaçant. La pluie se met à tomber. Je ré-enfile mon kway et me force malgré tout à redescendre vers Bédoin, en espérant que le mauvais temps n'est que passager.

Plus je descends, plus les conditions se dégradent. La pluie a laissé place à la grêle et la température chute brutalement (-17° en une heure). Je suis trempé jusqu'aux os et commence à prendre froid. Les derniers kilomètres de descente sont interminables. J'ai les dents qui claquent, les doigts gelés et ne vois pas à plus de trente mètres devant moi. Je suis en train de perdre mon pari. Repartir dans le sens inverse serait trop risqué. Je ne suis ni équipé ni suffisamment fou pour remonter à 1 900 m d'altitude dans de telles conditions. À Bédoin, j'entre dans le premier café que je croise et avale trois cafés longs pour me réchauffer. Mais rien n'y fait, je suis complètement frigorifié. J'engloutis un croque-monsieur, un nouveau café et me décide à rentrer. Je ne grimperai pas le Ventoux une troisième fois aujourd'hui, mais il me reste quand même 36km à parcourir sous une pluie battante pour rentrer à Aurel. Un long chemin de croix...

Le résultat n'est évidemment pas celui que j'espérais. J'ai bataillé durant près de 6h mais ne suis pas venu à bout de ce défi. Ne supportant pas l'échec, j'ai décidé de prolonger mon séjour jusqu'à mardi pour une seconde tentative ; la météo demain risquant d'être pire (si, c'est possible!) qu'aujourd'hui... Recommencer tout depuis le début ne sera sans doute pas facile psychologiquement, mais je n'ai pas le choix si je veux faire partie moi aussi du Club des Cinglés du Mont Ventoux. Et pour finir sur une note positive, je me dis que cette sortie m'aura au moins permis de repérer les deux derniers versants que je ne connaissais pas encore.

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