Les 6 jours de Vars... de Romain

Dimanche 24 Juillet 2016

Les 6 jours de Vars sont terminés depuis déjà deux semaines. N’ayant eu le temps de vous tenir informés chaque jour - la faute au Tour de France, l’Euro, les championnats d’Europe d’athlétisme - je vais vous raconter comment s'est passée ma semaine en une seule fois.

Le transport

Un petit mot tout d’abord pour évoquer la façon dont je me suis rendu à Vars. Cette année, j’ai choisi de voyager en train… de nuit. Coût raisonnable (80 euros aller/retour) et possibilité de transporter un vélo (supplément de 10 euros) dans un emplacement dédié*, situé juste à côté de la cabine couchette, l’option me semblait intéressante. Mais si comme moi vous avez le sommeil léger, ne vous attendez pas à passer la meilleure nuit de votre vie. Le train qui tangue, s’arrête au milieu de nul part, redémarre, les allées et venues dans le couloir d’enfants excités de partir en vacances - je le comprends - et les pleurs de bébé dans la cabine d’à côté m’ont tenu éveillé toute la nuit. Heureusement, le trajet du retour sera bien plus calme…

Mise en jambe

Contrairement à l’an dernier, où j’avais attaqué les 6 jours sans pouvoir me mettre en jambes, je suis arrivé à Vars cette année 48h avant la première étape. L’occasion de retrouver tranquillement mon coup de pédale en montagne. Vendredi, une ascension du col de Vars à la descente du train (après une nuit blanche) m’a rassuré sur mon état de forme et mon genou. Ouf ! Je devrais pouvoir profiter de ma semaine, à condition de bien mouliner pour le soulager au maximum.
Cette première sortie m’a également permis de tester ces fameux plateaux ovales Dual Oval installés juste avant mon départ. Un test concluant ! J’ai trouvé mon pédalage plus fluide, moins saccadé, quelle que soit ma fréquence de pédalage. Paradoxalement, je pédale plus rond… avec ces plateaux ovales. Allez comprendre. Seul inconvénient, le passage du petit au grand plateau doit s’effectuer avec un soin particulier, car malgré un bon réglage par mon vélociste, le risque de dérailler existe lorsque l’ovale du plateau est à l’horizontale. Je déraillerai d’ailleurs trois fois durant la semaine, chose qui ne m’arrive jamais avec des plateaux ronds. Côté performance, je n’ai pas senti de nette amélioration pour l’instant, à voir donc sur le long terme.
Samedi, les montées de Risoul et de Vars les Claux ont conforté mes sensations. Certes, j’avance un peu moins vite que l’an dernier, et ne suis pas capable de suivre Aurélien et François, mais je peux rouler sans douleur. La semaine s’annonce donc sous les meilleurs auspices.

Les trois premières étapes

Comparé à l’an dernier, le menu est encore plus copieux cette année. Plus de kilomètres, de dénivelé, j’ai une légère appréhension en enfourchant mon vélo ce dimanche matin pour la première étape, conscient que je suis en moins bonne forme cette année. Résolution du jour : se contenter du petit parcours (106km tout de même) pour voir comment le genou tient le choc et réagit à l’enchaînement des cols. Mais la modération dans le sport est un concept que j’ai depuis longtemps rangé au placard (je ne compte plus le nombre de matchs de foot et basket que j’ai joué blessé). À la bifurcation, je prends à gauche pour suivre le grand parcours, direction le Puy Saint Vincent, puis le Pré de Mme Carle. Au retour, je décide quand même de zapper le mur Pallon et sa pente à plus de 13%, la douleur au genou s’étant réveillée dans les forts pourcentages du final du Pré de Mme Carle. Le 34x29 n’est clairement pas suffisant dans les longues portions à plus de 10% pour me permettre de mouliner à une fréquence élevée (80rpm). Avec 132km et plus de 3000m de dénivelé, cette première journée n’a pas été de tout repos, surtout qu’un fort vent de face dans la vallée et des températures élevées (plus de trente degrés!) dans la montée de Vars ne nous auront pas facilité la tâche.
Malgré un programme moins chargé en termes de kilomètres, la seconde étape sera nettement moins joyeuse pour moi. J’accuse le coup physiquement. Je ne ferai pas d’étincelles. Heureusement, les paysages sont magnifiques. Fouillouse vaut vraiment le détour… et se mérite : quelle belle vacherie cette ascension ! Dans le col de Vars, je zigzague pour atténuer les effets de la pente. Compte tenu du programme chargé du lendemain, je je m’attèle à bien récupérer l’après-midi.
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Pour cette troisième étape, un gros chantier se profile : 142km pour 2900m de dénivelé… sur le papier. Le départ est prévu à Embrun, mais avec Aurélien, nous décidons de partir de Vars. 30km de plus à l’aller, je ne vous parle même pas du retour. Car avant cela, une grosse étape nous attend. Et elle ne s’annonce pas de la meilleure des manières avec de gros nuages menaçants et quelques gouttes de pluie sur la route qui mène au départ. Heureusement, le soleil a vite repris le dessus pour me faire vivre la plus belle journée de la semaine. Des petites routes sinueuses menant au redoutable col de Moissière (jusqu’à 18% sur le GPS !), une belle descente, un passage agréable dans la vallée avec un petit vent rafraichissant, la vue grandiose au sommet du col du Noyer, bref, j’ai tout simplement adoré cette étape ! Même le retour par le Col de Manse sur une route plus large et plus dégagée s’est avéré plaisant. N’ayant pas envie de gâcher cette belle journée en revenant par la route nationale très fréquentée, et surtout pour m’épargner une ascension du col de Vars après plus de 7h de vélo, j’ai pris le parti de revenir en voiture depuis Embrun avec Christian (le même cyclo très sympa qui proposera son aide à Aurélien le jeudi lors de sa chute!). 155km et près de 3500m de dénivelé, grosse journée. Mais ayant fini par une bonne dizaine de minutes sur le plat à mouliner, mes jambes sont étonnamment légères l’après midi. Ce qui m’amène à vous parler de ce qui nous occupe grandement ici :

La récupération

Voici la méthode que j’applique pour récupérer afin de pouvoir rouler tous les jours et retrouver des jambes (à peu près) en bon état chaque matin. Avant même de descendre du vélo, j’essaie d’éliminer les toxines accumulées en moulinant au maximum et sans forcer durant le dernier quart d’heure de la sortie (ce qui n’est pas évident quand on finit en grimpant un col). Les professionnels, qui ne peuvent se permettre cela lorsqu’ils jouent la gagne ou le classement général, remontent d’ailleurs sur le home trainer après chaque étape. Puis dès la descente du vélo, j’absorbe des protéines et me réhydrate. Cela doit être effectué immédiatement. En effet, il a été prouvé que les bénéfices sont bien plus importants dans le quart d’heure qui suit la fin de l’activité. Il faut bien sûr continuer à boire toute l’après-midi jusqu’à obtenir des urines claires.
Si l’année dernière j’étais venu avec des barres protéinées et un grand pot de poudre Powerbar pour préparer des boissons de récupération, je voulais essayer cette année de faire la semaine sans produits. Cette expérience a tourné court. Aurélien m’a incité à consommer les siens, bien plus pratiques et efficaces que mon eau gazeuse, mes jus de fruit, mes œufs, mon blanc de poulet ou mes pâtes. Même je dois vous avouer que j’ai de plus en plus de mal à avaler de grosses pilules de BCAA ou à boire une boisson de récupération au goût bien chimique.
Après quelques minutes d’étirements ciblés sur les ischio-jambiers et les mollets, direction la douche. Là encore, il faut penser récup’. Je me lave à l’eau tiède, limite froide, et termine par 3 minutes minimum de jet glacé sur chaque jambe. Je vous laisse imaginer le plaisir que cela procure, surtout avec l’eau glaciale des montagnes, mais m’y astreins volontiers tant les bénéfices sont importants. Après la douche, en regardant le Tour, j’effectue un auto-massage sur les cuisses et les mollets, trente minutes environ. Pas facile avec la fatigue et des bras déjà bien endoloris par la sortie, mais c’est également une étape indispensable pour la récupération. Un vrai soulagement pour les muscles dont on ne peut plus se passer quand on le fait correctement.
Enfin, je termine en mettant les jambes en l’air contre le mur pendant une bonne quinzaine de minutes, deux à trois fois dans l’après midi/soirée, avant d’enfiler les chaussettes de compression que je garde jusqu’au soir.

Les trois dernières étapes

Après une journée de "repos", durant laquelle j’ai accompagné un ami de club en vacances à Guillestre sur les pentes de l’Izoard et de Vars (90km), nous retrouvions le jeudi le col Agnel (par ses deux versants), qui m’avait tant fait souffrir l’an dernier. L’occasion pour moi de régler mes comptes avec lui ! Déterminé, je pars comme une balle dès le pied et tiens le (bon) rythme les trois quarts de l’ascension… avant d’exploser dans les 5 derniers kilomètres, au plus fort de la pente. J’atteins le sommet lessivé et ne pense pas descendre du côté italien, plus terrible encore. C’était sans compter sur les encouragements d’Aurélien, qui me pousse à descendre jusqu’en bas… La première moitié est plutôt facile, comparée aux 9 derniers kilomètres qui affichent près de 11% de moyenne ! Cette horrible pente a raison de mon genou, et m’oblige à mettre pied à terre à deux reprises. Je marche une bonne centaine de mètres pour calmer la douleur. C’est la toute première fois que cela m’arrive dans un col. Je paye sans doute mon effort sur le versant français… et le manque de quelques dents à l’arrière (le 34x32 n’aurait pas été de trop aujourd’hui!). Dommage, car le paysage est l’un des plus beaux de toute la région.

Au sommet d'Agnel

Dans le final, je croise Matthieu, un triathlète Belge rencontré l’an dernier avec lequel j’avais sympathisé dans le col de Vars. Comme nous avons à peu près le même niveau, nous décidons de rentrer ensemble jusqu’aux Claux, sous une écrasante chaleur ! Autant dire que son aide m’a permis de finir cette sortie plus agréablement. À défaut d’avoir les jambes pour taper dedans, nous profitons de la dernière montée pour bavarder. De vraies pipelettes. Arrivé en haut, on se donne rendez-vous pour faire la dernière étape ensemble. Dommage que cette journée se termine avec la nouvelle de la chute d’Aurélien, qui courageux, finira non seulement l’étape, mais repartira également le lendemain.
Malheureusement, ce vendredi matin, les nuages sont nombreux, et même si Miss Météo nous avait prédit un beau soleil pour cette dernière étape, c’est une grosse pluie qui nous attend dans la vallée de l’Ubaye. Sur la route, nous croisons de gros pelotons qui rebroussent chemin, n’osant pas braver le col de Cayolle trempé et sous une température bien fraîche pour la saison. Même si je me rends vite compte que cette dernière journée sera celle de trop pour moi, j’arrive à suivre Matthieu pendant la majorité de l’ascension, avant de céder dans les derniers lacets. Frigorifié par un vent glacial, et après avoir enlevé mes chaussettes trempées au pied du col, je tremble et claque des dents dans la descente, malgré mon kway et la pluie qui s’est pourtant arrêtée. Ayant pris un peu d’avance sur Matthieu, qui a attendu des amis au ravitaillement, je termine seul cette étape, ses deux compagnons ayant crevé dans la descente et la vallée ! Dans le col de Vars, je lâche mes dernières forces, bien décidé à y réaliser mon meilleur temps. Peine perdue. Je n’ai plus rien dans les jambes et un fort vent de face dans le final scelle mes dernières ambitions. Il faudra donc revenir l’année prochaine !

Avec Matthieu au sommet de la Cayolle

Les 6 jours de Vars ont tenu toutes leurs promesses : des parcours difficiles, dans un décor grandiose, avec une organisation très sympathique, des ravitaillements nombreux et des repas copieux chaque midi (mais qui pèsent parfois un peu trop sur l’estomac dans l’heure qui suit, surtout quand il faut réattaquer par un col). Autant dire que, si je le peux, je serai là en 2017 !

*Attention toutefois de ne pas oublier l’antivol, le train effectuant de nombreux arrêts durant la nuit…

1 commentaire

François - Samedi 18 Novembre 2017 à 18:59

18 novembre 2017 - Pour moi, ce sera ma première participation en 2018. A 7 mois de cette sérieuse affaire, je monterai au pire en 30x30. j'ai peu de pratique. Les copains de mon club vont m'épauler pour m'aider à m'entraîner dans les montées: Gineste, Ventoux, Lure, plateau de Valensole, etc.... certainemment à dans quelques mois

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